Le chien a été le premier ami de l’homme, le premier animal domestique. Le chien de traîneau a été, sans doute,le premier, et certainement le plus vaillant.
Plusieurs hypothèses ont été formulées quant à son origine : loup, chacal, coyote, espèce intermédiaire ou mélange entre chacal et loup, espèce particulière. Mais l’hypothèse la plus fréquemment retenue est que le chien de traîneau en particulier – serait le descendant de loups apprivoisés.
Le loup dispose d’un potentiel psychique et physique suffisant pour avoir fourni les bases nécessaires aux multiples facettes du chien : odorat, chasseur, instinct territorial, endurance …
Les ossements les plus anciens d’un loup domestiqué ont été retrouvés aux USA, Allemagne et Danemark, ils datent de 9 000 à 14 000 ans. Ils correspondent probablement à certaines migrations humaines vers le Nord de l’Europe et surtout celles qui amenèrent les ancêtres des Indiens et des Esquimaux d’Asie en Amérique.
Les peuples qui ont utilisé réellement et efficacement les attelages de chiens sont les Yakoutes, Aveni, Evenki, Chukchis, Itelmens, Koryaaks, Youkaghirs pour l’ancien monde et les Inuits, Athapaskan, Sioux, Cree, Algonquins, Cheyennes pour le nouveau monde.Ils ne connaissaient pas l’écriture et n’ont été en contact avec la civilisation occidentale que bien tardivement, au XVI° siècles.Aussi il est bien difficile de dire à quelle époque ont été utilisé les premiers attelages de chiens.
Certains indices peuvent nous aider :
En Sibérie, des peintures rupestres datant d’environ 2000 ans av. J.C. représentent les premiers chiens arctiques, mais utilisés pour la chasse. En Amérique du Nord, on peut parler avec certitude d’attelage de chiens dès le X° siècle car la civilisation de Thulé établie dès cette époque autour de la Baie d’Hudson (Canada) utilisait le traîneau à chiens depuis leurs origines. Cette tribu fut seulement découverte au XIII° siècles par les 1ers colons scandinaves. Si ces dates peuvent paraître récentes, il faut rappeler que les chiens utilisés comme auxiliaire du berger ne date que du Moyen Age !
La Ruée vers l'Or
Bien avant que ne soit extraite la première pépite d’or au Klondike et moyennant 7 200 000 Dollars, les USA se sont rendus acquéreurs en 1867 d’une colonie Russe : « l’Alaska ». Fin de l’année 1880, la production des 1500 prospecteurs s’éleva à 500 000 Dollars.
Durant l’année 1896, le Klondike, terre promise a rapporté 1 000 000 dollars à quelques aventuriers.
Le 30 août 1897, un certain Jack London arrive à Dawson City attiré par le « Gold Rush ».
En 1898 à Nome on a pu voir jusqu’à 18 000 personnes débarquer par jour afin de faire fortune dans les plus brefs délais.
Les revenus moyens d’un prospecteur étaient d’environ 100 Dollars/jour, alors que les concessions les plus rentables produisaient jusqu’à 40 000 Dollars/jour.
Entre 1898 et 1906, l’Alaska produira une richesse de 37 247 000 dollars.
D’innombrables chiens travaillant sans relâche assuraient les transports de bois, de courrier, de vivres, d’hommes et d’or.Au fils des jours, les attelages infatigables sillonnaient l’Alaska et le Canada. La nuit leurs clochettes tintaient encore. En un mot, ils faisaient tous les travaux exécutés par les chevaux dans les Vallées du Sud.
En parallèle de la prospection, les premières courses d’attelage virent le jour, avec des paris importants mis en jeux.
La course au Sérum
En 1925, à Nome (Alaska) une épidémie de diphtérie se propage.
Il faut faire venir du sérum d’Anchorage. La compagnie de chemin de fer convoiera le sérum jusqu’à Nenana. Ensuite les traîneaux le prendront en charge sur 1 000 km et se relaieront jusqu’à Nome.
Cette véritable aventure humaine fut à l’origine de la plus grande des courses de traîneau : l’Iditarod, ainsi que du dessin animé : «Balto».
C’est le célèbre musher « Leonhard Seppala qui fut contacté par le gouverneur pour effectuer une partie de ce périple. Il sortit de son chenil vingt chiens dont son chien de tête Togo. Son objectif était d’arriver à Nulato avec huit Husky ; les autres seraient laissés en divers points de la piste, puis récupérés au retour. Son voyage devait s’effectuer en partie sur la glace et serait particulièrement dangereux. Les trois premiers jours furent cléments, il parcourut 200 km et arriva à Isaac’s Point. Puis le mercure tomba à – 45 °c. Pareille température aurait pu geler les yeux des chiens, qui progressaient, les pattes meurtries et têtes baissées. Il avait parcouru 270 km et décida de laisser souffler les chiens, mais les Husky décelèrent la présence d’un autre attelage. C’était Myles Gonangnan qui lui expliqua que, depuis son départ, l’épidémie avait empiré à Nome. Le gouverneur avait mobilisé un plus grand nombre de mushers, sur des distances plus courtes. Seppala devait repartir dans l’obscurité, face au blizzard, sans avoir laissé à ses chiens le temps de se reposer, pour 200 km de plus. Il parcourut 145 km d’une traite. Et après un court sommeil, il décida de repartir et dans l’après midi, il rallia Cheenik Village, où l’attendait Charlie Olson. Ce dernier remit le sérum à Gunnar Kaasen, qui entra dans Nome le 2 février, à six heures du matin.
127 Heures et 30 minutes furent nécessaires pour l’acheminement depuis Nénana, et 20 mushers se relayèrent jours et nuits. 19 d’entre eux parcoururent des distances moyennes de 80 km, et Leonhard Seppala plus de 500.
Une seule chose ennuya Seppala s’est que le record de Togo fut attribué par erreur à Balto, son autre chien de tête. Balto devint immortel, et l’on peut voir sa statue dans Central Park, à New York, alors qu’il n’a jamais quitté Nome.
La Conquêtes des Pôles
L’utilisation de chiens de traîneau changea complètement les données.
Le chien de traîneau est connu des Esquimaux d’Amérique du Nord et du Groenland ainsi que de certaines populations sibériennes depuis de nombreux millénaires. Mais il ne fut utilisé pour l’exploration des régions polaires que depuis le siècle dernier. Au départ, l’exploration se faisait par des navires pénétrant à peine la banquise au début de l’été et fuyant dès l’automne, ou ils se laissaient volontairement prendre par les glaces pour hiverner. L’exploration se faisait à pied ou en poussant de lourdes embarcations devant soi sur la glace.
L’adoption des attelages leur permis des déplacements rapides et aisés pendant la saison la plus longue de l’année : « l’hiver ».
1909 : La quête du Pôle Nord
Robert Peary fut le premier à atteindre le Pôle Nord le 6 avril 1909. Vu comme un homme autoritaire et dont l’obstination suscita le respect du Monde entier, il lança 132 chiens, 15 traîneaux et 24 hommes vers le Pôle Nord. Il affirma soutenir une moyenne quotidienne de 40 kilomètres par jour. Mais seuls 40 chiens et 8 traîneaux atteignirent le Pôle Nord.
1911-12 : La course au Pôle Sud
Elle se fit entre le Norvégien Roald Amundsen et l’Anglais Robert Scott (qui refusa d’utiliser les chiens pour des raisons sentimentales). Amundsen et ses hommes arrivèrent les premiers le 16 décembre 1911 et revinrent sains et saufs, assis sur leurs traîneaux au galop de leurs chiens. Alors que, Scott et ses compagnons, tirant eux-mêmes leurs traîneaux surchargés, atteignirent le Pôle le 18 janvier 1912 et moururent tous sur le chemin du retour.
Construction du Chemin de Fer de la Jungfrau
En 1913 des Groenlandais (chiens du Groenland) sont importés en Suisse lors de la construction de la ligne de chemin de fer de la Jungfrau afin de remplacer les samoyèdes arrivés quelques mois plus tôt et qui s'étaient avérés trop faibles pour le travail demandé. Ce travail consistait à transporter quotidiennement des marchandises sur une distance de 34km et seur des pentes de 30% en neige profonde.
Les chiens de traîneaux au secours des Poilus dans les Vosges
1914 : L’armée française entre dans la Première Guerre Mondiale. Pour alimenter en vivres, en munitions et en hommes le front sur les crêtes vosgiennes, le capitaine Moufflet et le lieutenant Haas du 22ème Bataillon de chasseurs alpins eurent l’idée de remplacer les Mulets par des chiens de traîneaux, bien plus adaptés à la neige et à l’hiver vosgien. Le 7 août 1915 le ministre de la guerre approuve le projet : « Chiens d’Alaska ». Le gouvernement français pris contact avec Scotty Allan célèbre musher Alaskan pour regrouper chiens et matériel au plus vite. Très rapidement 436 chiens et leurs harnachements,70 traîneaux et 5 tonnes de biscuits furent regroupés. Après avoir traversé en train tout le continent nord américain ; ce fut l’embarquement sur un petit paquebot afin de rallier le Havre au plus vite, malgré les terribles menacent des sous-marins allemands. Le 15 décembre 1915 l’expédition arrive dans les Vosges et les chiens firent leur « devoir » sans faillir.Ils firent d’excellentes recrues et permirent d’obtenir de bien meilleur rendement que prévus au point qu’on les utilisa même l’été. L’Armistice mis fin au service des chiens de guerre. Sur les 436 chiens d’Alaska, 247 survivront à ce terrible conflit. Trois de ces chiens furent d’ailleurs décorés de la croix de guerre pour faits héroïques. Le 18 juillet 1918 les chiens furent placés et finirent leur vie,comme chien de compagnie chez certains particuliers et militaires.
La Traversée des Alpes
En 1938, Paul-Emile Victor, et ses chiens ramenés d’Ammassalik (Groenland), accompagné par Michel Pérez et le lieutenant Floatard (Instructeur à l’école de Haute Montagne de Chamonix), entreprirent la difficile traversée des Alpes en traîneau: Nice - Chamonix par les cols les plus élevés des Alpes.
Pour des besoins militaires, Michel Perez et Paul Emile Victor ont voulu démontrer, qu’un attelage de 6 chiens esquimaux pouvait passer partout tout en apportant un réel atout de ravitaillement en zone montagneuse. Ils gravirent de très fortes pentes, tirèrent en Haute Montagne une lourde charge (150 Kg). Tel était le but de cette expédition et sa réalisation était placée sous le contrôle et l’aval du ministère de la guerre.L’itinéraire étudié visa à maintenir une altitude moyenne relativement très élevée en parallèle à la frontière italienne avec le franchissement d’une douzaine de Cols à plus de 2500 m. L’utilisation de roues sous le traîneau compensa le manque de neige, fréquent au fond des basses Vallées.
Pari réussi : en trois semaines, ils prouvèrent l’efficacité des chiens de traîneau dans les Alpes en plein hiver.
L’Armistice de 1940 mit un frein à toute utilisation militaire de chiens de traîneau.
Les Expéditions Polaires Françaises
En 1948, Paul-Emile Victor se rendit à Jacobshavn (Côte Ouest du Groenland) pour y acheter les attelages nécessaires à l’exploration de la Terre-Adélie (Antarctique). La première expédition organisée par les Expéditions Polaires Françaises n’ayant pu débarquer en 1948-49 dans l’Antarctique à cause d’une banquise infranchissable, ramena ses chiens à Melbourne (Australie) où ils passèrent une année au jardin zoologique. Enfin le 20 janvier 1950, ils débarquent en Terre-Adélie. L’expédition avait pour but essentiel la construction de la base « Port-Martin » et l’exploration de cette terre encore inconnue. L’expédition mit au point une nouvelle technique coordonnant l’utilisation des traîneaux à chiens et des véhicules chenillés. Au cours de l’hiver, la température fut de –34 °C, et le vent atteignit les 180 km/heure. Le blizzard était presque permanent. En véhicules à chenilles ou en traîneaux à chiens, douze raids d’exploration furent menés à bien en l’espace de six mois. Au cours d’un autre raid, une des plus importantes colonies de manchots empereurs et la 5ème connue à cette époque fut découverte dans l’archipel de « Pointe-Géologie ». Une 2ème base plus petite fut d’ailleurs installée là bas, on l’appela : « Pointe Géologie ». Mais au cours de la nuit du 24 janvier 1952, le bâtiment principal de la base « Port-Martin » fut détruit par un terrible incendie. Le feu s’étendit avec rapidité attisé par un vent de 110 km/heure. Les nombreux moyens d’extinction furent inefficaces. Tous les membres de l’expédition partirent le soir même vers la France et grâce à un appel radio, les chiens furent répartis à travers le pays et principalement dans les Alpes.
Ces chiens forment le noyau principal de l'origine de nombreux chiens polaires (groenlandais) maintenant élevés en France. Seule et isolée, la petite base de « Pointe Géologie » continua à fonctionner, malgré d’énormes difficultés, avec 7 hommes et quelques chiens.
Ils terminèrent avec succès l’exploration et la cartographie de la Terre Adélie. L’expédition fut totalement rapatriée en Février 1953.
Première Course en France
Première compétition nationale au Col de la Schlucht (Vosges) : le 26 février 1978
Il s’ensuivit la même année de la naissance du club de la pulka et du traîneau à chiens dont les fondateurs sont : Thierry Bloch, Monique Béné, Yannick Belmont et Gilles Malaterre. Dès lors, les courses ne devaient plus cesser de se développer et le nombre d’attelage de croître.Dans chaque pays européen, des structures se mettent en place, sous la houlette de European Sled Dog Racing Association (E. S. D. R. A.). ESDRA chapeaute l’ensemble des structures nationales étant ainsi responsable chaque année de l’organisation des championnats d’Europe. En France, les sports de traîneau ont été reconnus comme sport à part entière en 1984 en recevant l’agrément du Ministère de la Jeunesse. On peut distinguer trois types de courses :
Les courses Sprint : de 7 à 15 km
Les courses Moyennes distances : de 25 à 50 km
Les courses Longues distances : de 50 à 1700 km
Dans chaque course, plusieurs catégories prennent le départ :
Ski joring (avec ou sans pulka)
Traîneau 2 chien (Débutants et Enfants)
Traîneau 3 à 4 chiens
Traîneau 5 à 6 chiens
Traîneau 7 à 8 chiens
Et la catégorie illimitée
Dans ces catégories, 2 types de chiens peuvent participer :
Les nordiques dit « de race » (Husky, Malamute, Groenlandais et Samoyède) et tous les autres chiens « apte » à courir (Alaskan, Greyster, Braque-allemand, Pointer…)
Deux classements sont mis en place : l’un pour les nordiques et l’autre pour les attelages les plus rapides « Temps Scratch ».
Course Internationale : l'Iditarod
L’Iditarod est sans aucun doute la plus prestigieuse et la plus médiatisé de toutes les courses.Longue de 1 700 km, elle rallie Anchorage à Nome en Alaska. Elle reprend le Mitique Parcours du Sérum.
Le départ à lieu le premier samedi de Mars à Anchorage avec un maximum de 16 chiens par attelage. Environ 10 jours plus tard, après avoir traversé l’Alaska, les premiers attelages arrivent à Nome sur la Côte Ouest de l’Alaska. Les températures varient habituellement de + 10 °C à – 45 °C. Environ 26 points de vérification sont établis le long de la piste pour le ravitaillement des équipes ainsi que pour les contrôles médicaux et vétérinaires.
Le premier prix : ~ 60 000 Dollars et un gros 4X4.
Des primes sont octroyées aux 20 premiers mushers finissant la course.
Antarctica - La longue marche
Après un siècle de plans ambitieux et de tentatives malheureuses pour traverser l’Antarctique avec des chiens (6 000 km), l’équipe de Jean Louis Etienne et de Will Steger finit par réussir en mars 1990. Le budget dépasse 11 Millions de Dollars, un bateau de 120 Tonnes est construit pour servir de base de communication, et 40 chiens sont élevés dans le Minessota en vue de cette expédition. L’équipe est composé du français Jean Louis Etienne, de l’américain Wil Steger , du soviétique Victor Boyarsky, du chinois Qin Dake, du japonais Keizo Funatsu et du britannique Geoff Somers. Le départ a lieu en juillet 1989
En tout 7 dépôts de nourriture et d’équipement sont installés par avion le long du trajet. L’équipe devra traverser la péninsule montagneuse au coeur de l’hiver, puis monter vers le Pôle Sud, à 2 835 m d’altitude. Suivra ensuite une marche sur le haut plateau polaire jusqu’à la base de Vostok ( le lieu le plus froid du monde), avant la descente sur la base de Mirny. Les 15 premiers jours le temps est épouvantable. Un blizzard soufflant à 180 km/h. gifle les hommes par des températures de – 43°C. Un chien succombe et 15 autres doivent être rapatriés en Amérique du Sud. Le 11 décembre 1989, l’équipe, après avoir couvert 3 200 km en 137 jours, atteint le Pôle Sud. Elle est la première à y parvenir en utilisant des chiens, depuis les attelages d’Admunsen en 1911. Les traîneaux quittent le Pôle le 16 décembre, pour tenter d’atteindre la côte avant l’hiver. Le voyage est extrêmement difficile, cependant les conditions s’améliorent et l’équipe progresse de 40 km/jour.
La fin de l’aventure a lieu au 219ème jour d’une marche quasi ininterrompue et difficile.Le 3 mars 1990 : Les traîneaux arrivent à Mirny.
L'Odyssée Blanche
Nicolas Vanier, passionné de Nature et Aventurier des temps modernes, s’est lancé dans une des plus grandes expédition de cette fin de siècle, considérée par beaucoup comme irréalisable :
« La traversée en traîneau du Grand Nord Américain et Canadien ; d’Ouest en Est. : 8 600 Km en moins de 100 jours.
L’Odyssée Blanche débuta le 13 décembre 1998 à Skagway en Alaska. Nicolas Vanier, fut aidé tout au long de son périple par une équipe de pisteurs en moto neige qui lui ouvrirent la voie du Pacifique à l’Atlantique et par les populations locales (indiens, trappeurs et inuits). Au cours de cette fabuleuse expédition, Nicolas et ses 10 chiens durent affronter une nature féerique mais hostile (montagne, banquise, toundra, lacs et rivières gelées …) ; des conditions climatiques extrêmes jusqu’à moins 55 °C et la proximité d’animaux sauvages tels que les loups, les ours polaires et même les élans qui peuvent charger avec toute la puissance de leurs 800 kg.
Le 28 mars 1999, Nicolas Vanier atteint le Québec et entre dans l’Histoire. Son expédition aura duré 99 jours, 11 heures & 58 mn.