Brevet d’Etat d’Educateur Sportif Accompagnateur en Montagne

Session 1994 Emmanuel COLIRE

Les Chiens de Traîneaux
aux secours des Poilus dans les Vosges

Un grand merci à Mr olivier Leroy pour ses photos : Provenance d’un album de photos de la famille Léon Stamm – Wesserling (68)

INTRODUCTION

Je suis passionné par les chiens de traîneaux et j’ai trouvé lors d’une de mes lectures dans “Les voyageurs du Froid” de Dominique Cellura ces quelques lignes qui ont retenues mon attention :

“La demande la plus étonnante que reçu Scotty émanait du gouvernement français qui, en 1915, délégua jusqu’à lui le lieutenant René Haas. Les VOSGES étaient enneigées au point de rendre impossible, à l’aide de mules et de chevaux, tout acheminement de vivres et de matériel jusqu’au front…
Quatre cent cinquante de ses chiens furent donc embarqués avec traîneaux et harnais – deux tonnes de saumons séchés avaient été prévues pour la traversée -, et devinrent d’irremplaçables auxiliaires durant la Première Guerre mondiale.”

J’ai décidé d’en savoir plus. Pour cela je me suis rendu à Paris au Château de Vincennes pour consulter les archives militaires. Les renseignements ressortis des cartons poussiéreux, ceci après une recherche de plusieurs mois m’ont permis de mettre au grand jour cette fantastique épopée qui fait partie de l’histoire méconnue des VOSGES.

J’ai cherché à agrémenter celui-ci de témoignages, d’anecdotes ou de souvenirs d’habitants du Valtin ou de Wildenstein ainsi que ceux des soldats du front vosgien qui s’était occupés de ces chiens.

Je me suis heurté à deux grosses difficultés :

* Le vieillissement de la population : les hommes nés avant 1914 sont à l’heure actuelle très vieux ou bien décédés. De plus, en ce qui concerne les soldats, leurs dossiers militaires personnels ne peuvent être compulsés seulement le jour de leur 120ème anniversaire de naissance.

* Le secret militaire : celui-ci entourait ce nouveau moyen de transport discret, méconnu même des gens avoisinant le “Front”, endroit bien sûr peu propice aux promenades.
Septembre 1914 : l’élaboration du projet

A la suite de deux voyages d’exploration en Amérique du Nord, le capitaine Moufflet du 22ème bataillon de Chasseurs, adressa à Monsieur le ministre de la guerre, un rapport relatif à l’utilisation possible des chiens de trait de l’Alaska par les Troupes de montagne dans les VOSGES. En prévision d’une campagne d’hiver, le général Graziani commandant de la VII armée, fait ressortir l’intérêt de ce projet. Dans les VOSGES les attelages de chiens rendraient de précieux services.

En hiver, l’accumulation des neiges sur les Hautes Crêtes rend long et difficile le travail des mulets. Les soldats doivent déneiger pour leur dégager le passage.

Au contraire, sur n’importe quelles neiges des VOSGES, même nouvellement tombée en grande abondance, un attelage de chiens circulerait aisément.

Le chien présente sur le mulet, d’autres avantages : il est insensible et résistant au froid. On le loge dans le moindre abri ; il se nourrit facilement.
Autres qualités : les chiens sont dociles, ils n’aboient pas et ne s’inquiètent pas des coups de fusil tirés à côté d’eux. Attelés à des traîneaux, ou quand il n’y a pas de neige, à des voitures légères, 10 chiens peuvent traîner 250 kilos environ de charge utile.

En haute montagne neigeuse, un mulet transporte lentement et avec beaucoup de difficultés une charge utile de 80 Kilos. Un attelage de 10 chiens, se déplace plus vite et à moindre fatigue sur une distance de 50 ou 60 kilomètres. Le mulet ne pouvait faire avec peine qu’une trentaine de kilomètres. Cet attelage équivaut donc à 6 bons mulets.


Septembre 1915 : le projet est officiel

Le général commandant la VII armée approuve l’envoi dans les Vosges d’un équipage comprenant 400 chiens d’Alaska et une quarantaine de traîneaux. Leur fonction devant débuter sur l’actuelle route des Crêtes, là où les autres moyens de transport ne peuvent aller.
Le prix de revient de la Section de 400 chiens rendus en France, est inférieur à celui d’un équipage de 100 mulets.

Par ailleurs, l’équipage de chiens exige moitié moins de personnel, de dépenses de nourriture et leur entretien est pratiquement nul d’où l’adoption de ce projet.

La création d’une section de chiens de traîneaux nécessite un certain nombre de préalables sur les lieux mêmes d’utilisation traditionnelle, c’est à dire l’Alaska :

* sélectionner et acheter les chiens, leurs traîneaux et le matériel,

* embaucher trois ou quatre spécialistes locaux pour assurer l’encadrement et la formation des militaires français des VOSGES sur la conduite des attelages.

Ces considérations ont conduit à l’envoi en mission en Alaska du capitaine Moufflet et du sous-lieutenant Haas du 119ème Territorial d’Infanterie, comme mandataires très avertis et très au courant des habitudes et des moeurs du pays.

Le 5 août 1915 : le ministère de la guerre est informé officiellement.

Le 7 août : Mr Millerand, Ministre de la guerre approuve le projet.


Réalisation du projet en Alaska

Dès la nouvelle, les deux officiers partent pour le Nouveau Continent. Le Capitaine sérieusement blessé précédemment était toujours convalescent. Il s’installa donc à Montréal afin d’organiser la réception des chiens ; tandis que son adjoint, le lieutenant Haas qui lui aussi connaissait l’Arctique, poursuit sa route vers Nome via Seattle.
Le gouvernement français avait pris contact en Alaska avec Scotty Allan dont la réputation dans le monde des courses de chiens de traîneau n’était plus à faire.
Lorsque le lieutenant Haas arriva à Nome, 106 chiens étaient près à partir avec traîneaux, harnais et deux tonnes de saumon séché …

 1915 – Les chiens sur la plage

Le problème était d’embarquer rapidement autant de chiens sur le bateau. Mais Scotty avait son idée. Il prépara une corde d’une centaine de mètres de long avec cinquante trois anneaux distants de 1,60 mètres. Il attacha ses chiens deux par deux aux anneaux, avec en tête de file pour contrôler l’attelage, 28 de ses propres chiens.

On n’avait jamais rien vu de semblable : 106 chiens attelés deux par deux ! Une corde cassée ou une bataille entre chiens aurait conduit à la catastrophe. Mais les chiens de tête, conduits par Spot, furent irréprochables. L’immense convoi s’ébranla, les chiens tiraient un lourd chariot, attelé de 4 puissants chevaux forçant en sens opposé pour “retenir” les chiens.
Malgré les freins serrés à bloc et les efforts des chevaux qui se laissaient littéralement traîner, l’incroyable attelage partit à une allure si vive que le cocher prit peur. Cependant l’embarquement sur la barge se fit en fin de compte, sans histoire et ne dura que trois heures.

L’Amérique n’était pas encore en guerre et cette opération fut sans aucun doute, la première à laquelle une unité américaine participa et ce fut pour le théâtre d’opérations dans les VOSGES ! …
Aussi Scotty était tenu de garder le secret, il lui était impossible de dire à sa femme qu’il partait pour la France.
Il racontait donc à qui voulait l’entendre qu’il se rendait à Québec et qu’il rejoindrait ensuite sa famille en Californie pour l’hiver.


Le grand voyage commence

Il dura neuf jours jusqu’à Seattle sans incident. L’aventure devait se poursuivre par le train jusqu’à Québec : un sacré périple de 3 000 kilomètres.
Deux wagons furent spécialement aménagés. Chaque chien disposait d’une niche individuelle. Le transfert entre le navire et le train se fit sans difficulté sous la protection des Highlanders canadiens de Vancouver.
De fréquents arrêts furent prévus afin de laisser les chiens s’entraîner, exercice indispensable pour leur santé.
A Québec, Scotty et le Lieutenant retrouvèrent le Capitaine Moufflet leur annonçant le nouveau nombre de chiens qui s’élevait à 106 et non à 400. Il fallait donc en trouver 300 de plus.
En moins de deux semaines 436 chiens étaient réunis : les harnais confectionnés, les soixante dix traîneaux construits ainsi que les cinq tonnes de biscuits préparées spécialement.
Scotty Allan du aussi se faire établir un passeport, car sa femme avait caché le sien de peur qu’il ne quitta le pays!

Les chiens avaient été rassemblés dans un parc des expositions près duquel se dressait un centre d’expérimentation des munitions de l’armée Canadienne. La Canonnade était quasi permanente et la terre tremblait. Au bout de deux jours, tous les chiens étaient habitués au bruit des coups de feu.

1916 – FBO.2101.CP – Chiens de l’Alaska

La principale préoccupation des 3 hommes était la discipline, elle devait être très stricte : il fallait, en particulier éduquer les chiens à ne pas hurler, car aucun Capitaine de navire n’aurait accepté de transporter des chiens bruyants à travers la zone de Sous-marins Allemands.


La traversée de l’Atlantique

“Le Poméranien” fut le vieux rafiot choisi pour rallier Québec au Havre. Le Capitaine du bateau voulait installer les chiens dans l’entrepont à cause de leurs hurlements.
Mais Scotty Allan s’y opposa, pour lui, il était nécessaire de les mettre sur le pont qui pourrait être lavé chaque jour. Et il était important qu’ils puissent respirer l’air du large.
En échange, Scotty s’engagea à ce que les chiens soient discrets et muets.

L’installation sur le pont comportait 170 caisses placées dos à dos avec une allée d’environ deux mètres entre les rangées. Ces caisses étaient enchaînées au pont afin d’éviter qu’elles ne soient emportées en cas de mauvaise mer. Les caisses étaient cloisonnées pour recevoir entre 2 et 3 chiens chacune et étaient prévues pour servir de chenils sur le front Vosgien pendant toute la guerre.
Chaque jour, l’Amirauté Britannique envoyait au Capitaine, la route en code et le faisait naviguer en zigzag pour dérouter les sous-marins.
La nuit, le bateau glissait comme un fantôme sans aucun bruit, tous les hublots bouchés par des oreillers. Les portes elles-mêmes étaient attachées pour empêcher qu’elles ne claquent. Un rideau les masquait.
Parfois, les hommes apercevaient des lumières sur la mer.
Les vigies étaient nerveuses, inquiètent et donnaient l’alerte pour rien.
Dès que le navire entra dans la “zone des opérations”, les chiens devinrent mystérieusement et totalement silencieux ; le Capitaine lui-même n’en revenait pas ; il disait :”un aveugle n’aurait pas pu dire s’il y avait un seul chien à bord”.
Les deux officiers français s’inquiétaient surtout du sort qu’auraient subi ces 436 chiens enchaînés, si le bateau avait été torpillé.

Au bout de quinze jours de navigation aveugle, “le Poméranien” fut rejoint par deux chalutiers anti-mines qui l’escortèrent jusqu’en rade du Havre.


Les chiens débarquent en France

Les deux chalutiers prirent le navire en charge à 10 heures du matin et l’amenèrent à quai. Aussitôt un train vint se ranger le long du bord, et six grues se mirent en action. A 12 heures tout était terminé, chiens et hommes étaient installés dans les anciens abattoirs du Havre.

A bord du bateau, chaque chien avait reçu sa carte d’identité, une étiquette de cuivre portant d’un côté son numéro, son nom, et de l’autre celui de son équipage ainsi que sa place au traîneau.
Chaque harnais était marqué du nom et du numéro du chien de même que celui de l’équipage auquel il appartenait. Les traîneaux et leurs équipements portaient les numéros des équipages.
Il a été prévu 60 attelages de 7 chiens chacun et une vingtaine de chiens de réserve.

Chaque “team” (attelage) comprenait un chef de file, un ailier droit, un ailier gauche, un centre droit, un centre gauche, un arrière droit et un arrière gauche.
C’était là, une façon simple d’atteler, et bien adaptée à l’inexpérience des soldats français.

50 chasseurs alpins sont venus au Havre pour suivre les entraînements avec leurs attelages, mais lorsqu’ils se trouvèrent pour la première fois en face des chiens, ils se mirent à rire! Ainsi c’étaient ces petites bestioles là qu’on leur envoyait de l’autre bout de la terre pour faire ce que les chevaux, les mulets et les hommes avaient été incapables de réussir !
L’entraînement avait lieu 2 fois par jour, la moitié des attelages étaient mis en place. Les chasseurs sans aucune crainte, manipulaient les chiens qui commençaient à s’habituer à leurs nouveaux maîtres.

Le 15 décembre 1915 : arrivée des hommes et des chiens dans les VOSGES

En arrivant sur le front Vosgien, les chiens furent partagés en 2 sections :

* la première sous le Commandement du Lieutenant Haas fut installée au Tanet,

* la deuxième sous le Commandement du Lieutenant Hérodier fut installée à Breitfirst (j’ai trouvé dans les rapports militaires une orthographe différente qui est : “birsfirt”. Je n’ai pas réussi à connaître la cause exacte de ce changement de toponyme).


La première dite “première section de l’Alaska :

“Elle était installée dans les bois à gauche de la route du Tanet en Valtin, à 400 mètres de la ferme qu’elle occupait avant le bombardement qui lui tua deux chiens”.
(Texte intégral d’un rapport des archives militaires).

L’installation était très pittoresque. Une grande affiche indiquait l’emplacement du camp “New Alaska”. Les chiens étaient à la chaîne, en travées de 10 chiens séparés les uns des autres par une cloison en planches et en grillage.
Ces travées étaient étagées. Les cuisines des chiens et des hommes étaient fort bien, avec foyers en briques. Tout était très coquet : bureaux, chambrées des hommes, des sous-officiers, etc…
Il y avait 164 chiens dont 40 chiens rapportés des chenils français. De ceux-ci le Lieutenant Haas ne se déclarait pas satisfait. Il prétendait qu’ils se fatiguaient trop vite, qu’ils ne pouvaient travailler qu’un jour sur deux et que leurs pattes n’étaient pas assez résistantes.

1917 – CP4503 – Chiens de l’Alaska

Le Lieutenant Haas était pour la discipline sous les ordres du Général qui commandait la Division située à Anoux, à 40 ou 50 kilomètres de là, et pour le travail sous la direction de la division américaine dont le Q.G. est à Gérardmer (28 kilomètres). Le secteur étant destiné à devenir Américain, il avait pris ses dispositions pour travailler avec eux.
Il y avait 68 hommes, 1 adjudant, 4 sous-officiers, 1 sous-officier comptable et 46 conducteurs et hommes de corvées.

La deuxième dite “deuxième section de l’Alaska” :

1917 – CP3702 – Chiens de l’Alaska

Elle était installée à Breitfirst cependant elle du déménager à Wildenstein, à la suite d’un violent bombardement. Le Lieutenant Hérodier déclara que lors du bombardement de Breitfirst, la deuxième section avait perdu 20 chiens: 18 tués et 2 morts de leurs blessures.

A Wildenstein, le chenil était installé sommairement mais hygiéniquement ; les chiens étaient à l’abri et sur plancher surélevé de 5 centimètres, à la chaîne, sans séparation et il n’y a jamais eu de bagarre.

En hiver, les chiens redoublaient d’ardeur au travail. Durant l’hiver 1916-17 (novembre à mai), les chiens ne connurent aucun arrêt. 9 chiens ont transporté 22.530 kilos sur 1350 kilomètres. Pour ce transport, 200 mulets auraient été nécessaires.

La deuxième section comprenait 111 chiens dont 4 français provenant de l’ancien chenil de Wesserling. Ces 4 chiens se comportaient parfaitement et le Lieutenant Hérodier en était satisfait. La section possédait, en outre, deux chiens de trait provenant du chenil central. Ces derniers étaient affectés à des colombophiles qui s’en servaient tous les jours. 18 chiens étaient de pur type esquimau, 7 de type labrador, le reste venaient du Lac Saint-Jean au Québec. Les chiens esquimaux plus lents que leurs congénères pouvaient en contrepartie tirer un traîneau de 400 kilos avec 2 hommes.
En été, les chiens étaient attelés aux wagonnets de la voie de 0,60 mètres qui quand les conditions météorologiques le permettaient, pouvaient ravitailler les troupes par une petite voie ferrée sans locomotive au début de la guerre. Ce n’est qu’avec l’arrivée des américains dans les VOSGES que les locomotives virent le jour, au dépend de l’activité estivale des sections d’équipages canins de l’Alaska.

La deuxième section faisait de l’élevage ; il y avait en service plusieurs chiens nés au chenil.
La section comportait : 1 adjudant, 4 sous-officiers et 66 hommes.
Elle est remontée à Breitfirst le 15 octobre 1916.

Le chien de type esquimau n’est pas très rapide, mais il est endurant. D’ailleurs, Il n’était pas possible d’aller très vite avec un lourd chargement. Rien que le fait de s’arc-bouter pour tirer la charge empêchait tout déplacement rapide.
La meilleure distance obtenue a été de 120 kilomètres en une journée, avec 9 chiens attelés à un traîneau chargé de 300 kilos avec 3 hommes en armes et munitions !!!

1917 – CP4304 – Chiens de l’Alaska[/caption]

Deux exemples de missions accomplies :

* amener en 4 jours, 90 tonnes de munitions à une batterie qu’hommes, mulets et chevaux avaient tenté de ravitailler pendant 15 jours, sans parvenir à apporter un seul obus.

* poser en une nuit, 30 kilomètres de fils téléphoniques et rétablir ainsi la liaison avec un poste isolé par les Allemands.
Des avions de reconnaissance avaient repéré le poste, mais n’avaient pu, jusque là, lui être d’aucun secours. Grâce au téléphone de campagne ainsi posé et à des reconnaissances aériennes, le Q.G. fut capable de diriger les forces encerclées et de leurs faires rejoindre les lignes françaises.

Le 4 novembre 1917, le Service des Chiens de Guerre faisait remarquer que l’expérience poursuivie depuis un an avait permis d’obtenir un meilleur rendement, en adaptant les chiens de l’Alaska au milieu dans lequel ils vivent, en les acclimatant et en leur faisant subir un dressage approprié aux modes de transport employés en France.
Les divers rapports envoyés par le Lieutenant Haas ont fait ressortir que les transports furent très divers et que le prix de la tonne kilométrique est passé de 17 francs à 5 francs.

Le 2 septembre 1917, les Sections des Equipages Canins de l’Alaska furent invitées par le Service des chiens de guerre à faire des essais de portage individuel (charge sur le dos et les flans du chien). Le Lieutenant Haas fit connaître qu’il lui avait été impossible de poursuivre journellement les expériences, car n’ayant que peu de jeunes chiens (plus apte au dressage), il lui avait été difficile de dresser au portage ses chiens adultes.


Le 18 juillet 1918 : une fin héroïque

L’effectif des S.E.C.A. (Section d’Equipages Canins d’Alaska) qui était de 436 chiens en 1915 était tombé à 247 chiens, de ce fait le Service des Chiens de Guerre avait mis à la disposition du Lieutenant Haas, un certain nombre de chiens français semblables à ceux utilisés dans les sections de chiens porteurs, en service dans diverses armées.

Une étude a été faite pour ramener 250 chiens d’Alaska supplémentaires en prévision de l’hiver 1918 afin d’augmenter l’effectif des S.E.C.A..
Or l’armistice fut signé peu de temps après, alors le service des chiens de guerre décida la réunion des 2 sections d’équipages canins de l’Alaska en une seule.
Cette réorganisation permit de réduire l’effectif des hommes suite à la diminution du nombre de chiens.

Les chasseurs alpins devinrent d’assez bons conducteurs de chiens qui fréquemment oubliaient la guerre, malgré la mitraille, tant leurs missions étaient sportives. Trois des chiens d’Alaska furent décorés de la Croix de Guerre.

La guerre terminée, ces chiens finirent leur vie héroïque en pantoufles, comme chien de salon chez certains particuliers et militaires.

A titre indicatif
COUT DES S.E.C.A.*


Le prix de revient des S.E.C.A. a été de 137 390 F et se décompose de la façon suivante :

* prix d’achat moyen d’un chien : 140 F
pour 436 chiens ……… 61 040 F

* prix d’achat moyen d’un traîneau : 500 F
pour 70 traîneaux ……. 35 000 F

* prix d’achat moyen d’un harnais : 30 F
pour 440 harnais …….. 13 200 F


Voyage des officiers acheteurs :

* de France aux Etats-Unis …………….500 F
* de New-York à Seattle ………………..500 F
* de Seattle à Nome ………………………..500 F
* dépenses incidentes ………………………150 F
* frais de séjour …………………………..1 500 F
* frais de transport des chiens …25 000 F


La ration alimentaire des S.E.C.A. (journalière et unitaire) :

* 750 grammes de viande,
* 550 grammes de pain (ou 300 gr de riz ou de pâtes ou encore de légumes),
* 7,5 grammes de sel,
* 650 grammes de charbon,
* 3 grammes de bougie,
* 4 kilos de litière (du 1er octobre au 31 mars).

* S.E.C.A. : Sections d’Equipages Canins d’Alaska.